Le criminel type dans la région de Thetford

Bibliothèque et Archives nationales du Québec. « Main street, Thetford Mines, P.Q. ». BAnQ numérique. Photo prise entre 1906 et 1909, consulté le 14 août 2020, .

Le district judiciaire de Saint-François couvre un grand territoire qui s'étend de la Beauce à la Montérégie. Il va sans dire que, devant une si large étendue, des différences peuvent exister entre chaque localité. À cet effet, on peut se demander si la région minière des Appalaches a une criminalité particulière. Ainsi l’ébauche suivante s’intéresse-t-elle au profil type des criminels d'Asbestos, Black Lake, Saint-Adrien et Thetford Mines. Il s’agit de voir comment cette région s’inscrit dans la tendance régionale. Le choix de ces localités s’explique par leur caractère minier d’une part et leur unité géographique de l’autre.

Ce que les archives révèlent...

Le premier constat que l’on fait est temporel. En effet, la région ne produit pas de criminels avant 1900. Ces derniers sont majoritairement des journaliers comme dans le reste du district de Saint-François plutôt que des travailleurs miniers. Toutefois, on ne retrouve aucun fermier parmi les criminels. Quant aux crimes commis, on sort un peu de l’ordinaire. En effet, la majorité des crimes se situent plutôt au niveau des régulations étatiques et visent plus particulièrement le trafic et la production illégale d’alcool. Les autres crimes plus fréquents sont l’ivresse et les crimes contre la personne, particulièrement les assauts. Sinon, pour le reste des paramètres observés, il semble que le criminel type corresponde assez bien au profil général, soit un Canadien catholique entre 20 et 30 ans, marié environ une fois sur deux et le plus souvent analphabète.

Analyse

Il est difficile de déterminer la cause de la concentration du trafic illégal d’alcool. Toutefois, il est fort probable que l’éloignement des centres judiciaires et la croissance rapide de la ville qui double en population (3200 à 7200) entre 1901 et 1911 aient aggravé la situation. Quant aux assauts et à l’ivresse, ils sont certainement liés à cette production.

Pour poursuivre avec l’absence de criminels avant 1900, il est possible que l’on gérait les crimes à Québec plutôt que Sherbrooke, car la région se situe à mi-chemin et une absence totale de criminels semble improbable.

Quant au métier des criminels, il est surprenant d’y voir si peu de travailleurs miniers dans une région marquée par ce type d’activité. Il est possible que les travailleurs miniers ayant généralement bénéficié d'un meilleur salaire aient été moins enclins au crime ou qu’ils soient enregistrés par le greffier de la prison comme journaliers à cause de leur manque de spécialisation.

Pour aller plus loin...

ARMSTRONG, Robert. « L’industrie de l’amiante au Québec, 1878-1929 ». Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 33, n° 2, 1979, p. 187‑195.

DÉOM, Claudine. « La contribution des édifices municipaux au développement des villes québécoises en région, 1870–1929 ». Urban History Review, vol. 46, n° 2, 2018, p. 11.

LESSARD, Marc-André. « Thetford Mines à ciel ouvert. Histoire d’une ville minière ». Recherches sociographiques, vol. 37, n° 3, 1996, p. 590‑591.