La station dépôt: un point chaud de la criminalité de Sherbrooke

Réseau ferroviaire convergeant à Sherbrooke
Gare du dépôt et rue Wellington en 1917
« Cour de Police », La Tribune, 28 septembre 1910, p. 3.

En comptabilisant les arrestations faites par la police de Sherbrooke à travers les «Day Books», il apparaît très clairement que la gare ferroviaire située sur la rue Dépôt est l'un des points chauds qui se démarquent le plus dans la ville. Parmi toutes les arrestations comptabilisées, plusieurs se sont faites à la gare et ses alentours.

Qu’est-ce qui peut expliquer ce phénomène de concentration géographique des arrestations de la ville de Sherbrooke?

Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte afin d'expliquer ce phénomène. D’abord, il faut comprendre que la gare du dépôt est le point de rencontre d’un réseau ferroviaire très étendu des environs.[1] Cela en fait également un point de rencontre pour une grande quantité d'utilisateurs du réseau. On voit arriver, à la gare, des travailleurs, des voyageurs et même des migrants. Qui plus est, comme la ville de Sherbrooke s’étend grâce à son industrie et à sa localisation[2], la gare de train devient d’autant plus importante. Il y avait donc certainement un trafic important qui passait par la gare du dépôt. Cette gare se trouve également dans le centre-ville, où se concentrent différents hôtels, commerces, bars, restaurants et bien d’autres. Forcément, tous ceux qui sont de passage à Sherbrooke, et même les citoyens locaux, se rendent dans ce quartier dans leurs trajectoires urbaines ordinaires. Il est donc logique que l’on y retrouve le plus grand nombre d’arrestations. Cela se confirme encore plus lorsque l’on constate que la très grande majorité des arrestations sont faites pour des délits liés à l'ivresse. Il est également très probable que les policiers de Sherbrooke fassent le choix de patrouiller dans ce quartier: ils savent qu’ils y trouveront forcément des contrevenants.

Sachant cela, il serait intéressant d’étudier le déplacement de ce point chaud de la ville à travers le temps. Ainsi, il serait possible de voir s’il se déplace entre les époques ou s’il reste dans le même coin de la ville.

[1] Pierre Cazalis, « Sherbrooke : sa place dans la vie de relations des Cantons de l’Est », Cahiers de géographie du Québec, vol. 8, n° 16, 1964, p. 165‑197.

[2] Richard Milot, « Le Sherbrooke du XIXe siècle », Continuité, n° 32‑33, 1986, p. 14‑19.

Pour aller plus loin...

CAZALIS, Pierre. « Sherbrooke : sa place dans la vie de relations des Cantons de l’Est ». Cahiers de géographie du Québec, vol. 8, n° 16, 1964, p. 165‑197.

THOUEZ, Jean-Pierre. « Espace social et criminalité : le cas d’une ville de taille moyenne, Sherbrooke ». Cahiers de géographie du Québec, vol. 23, n° 60, 1979, p. 357‑370.