Au XIXe et au début du XXe siècle, la criminalité et sa perception au sein de la société étaient différentes d'aujourd'hui. Par exemple, les individus dont les crimes se révélaient être d’une plus grande gravité étaient confrontés à de lourdes peines comme celle de la mort par pendaison. C’est donc dans ce contexte que nous avons étudié les registres d’écrou de la prison Winter entre 1882 et 1915, dans le but de dresser un portrait des criminels notables qui ont foulé le sol de la prison Winter. Ensuite, nous avons cerné le traitement médiatique de ces criminels à l’aide de quatre cas spécifiques, par l'entremise des journaux locaux de l'époque.
MÉTHODE DE RECHERCHE DANS LES REGISTRES D’ÉCROU
La stratégie choisie afin de dresser le portrait des criminels notables a été de se concentrer uniquement sur la colonne des types de crime commis en tentant de repérer les accusations de meurtre dans les registres d’écrou de la prison Winter entre 1882 et 1915. Puis, nous avons accumulé des caractéristiques comme le lieu de naissance, le genre, la date, la religion, etc. Il est pertinent de mentionner que cette source comporte des limites. Par exemple, certaines informations sont manquantes. De plus, les registres présentent des champs restreints, ce qui ne révèle que des informations très sommaires.
RÉSULTATS DES RECHERCHES DES REGISTRES
La majorité des supposés meurtriers recensés dans les registres d’écrou entre 1882 et 1915 sont des hommes. En effet, sur les 23 criminels, 15 sont des hommes, six seulement sont des femmes et une personne est inscrite comme étant de genre inconnu. Ce résultat est intéressant puisque cette proportion de femmes est supérieure à celle d’abord attendue. La collecte de données a également permis d’observer qu’une majorité des prisonniers étaient d’origine canadienne, soit 19 d’entre eux. Il est toutefois important de noter que ce lieu de naissance ne permet pas de connaître leur ascendance. Également, il est à noter que deux des prisonniers proviennent des États-Unis. Cela est non négligeable considérant qu’aucun n’était recensé comme provenant d’Irlande, d’Écosse ou d’Angleterre. En outre, des 23 présumés coupables, onze sont catholiques, quatre sont anglicans et un est méthodiste. Cela représente une plus grande variété religieuse que ce à quoi nous nous attendions. Malgré tout, il est important de mentionner que certaines entrées recensent des informations différentes pour les mêmes personnes. Par exemple, William Walace Blanchard est enregistré une première fois comme étant de religion « autre » alors qu’à sa seconde entrée il est considéré comme « méthodiste ». Par ailleurs, le métier le plus fréquent est celui de fermier avec un nombre de sept. De surcroît, il est pertinent de mentionner que la majorité des meurtres enregistrés dans les registres d’écrou ont été commis au courant de la période 1882-1891. En effet, 15 d’entre eux sont recensés lors de cette période, ce qui représente 65,2 % des meurtres entre de 1882 à 1915. Le déclin suivant 1891 peut être expliqué, entre autres, par l’augmentation de l’effectif policier dès le début du XXe siècle.